Leadership, pouvoir et civilité, une réflexion de Bernadette Petitpas

Photo de Markus Spiske

Leadership, pouvoir et civilité, voilà trois mots qui, contrairement à ce que dit la chanson, ne vont pas toujours très bien ensemble. À moins que…?

Pouvoir et civilité

Si je vous dis pouvoir et civilité, peut-être aurez-vous plutôt en tête un exemple de pouvoir et incivilité… vous savez ces personnes en situation de pouvoir hiérarchique, qui vous coupent la parole, lisent leurs courriels alors que vous êtes en train de leur présenter une idée, qui vous font un reproche devant votre équipe, tapent du poing sur la table, lèvent le ton, usent d’un vocabulaire vulgaire ou autrement ont une attitude et des mots méprisants?

Il m’a été donné de voir ou d’expérimenter plusieurs de ces scénarios, fort désagréables ou pis encore vous en conviendrez. Il faut dire qu’il fut un temps, pas si lointain d’ailleurs, au cours duquel une attitude d’intimidateur ou bully en anglais était associée à l’exercice du pouvoir, ou comme disait Machiavel, il était préférable d’être craint plus que d’être apprécié. On associait alors la civilité et des comportements plus chaleureux à de la faiblesse et à de l’incompétence.

Sauf que…l’incivilité mène à une perte de productivité et d’innovation.

Qui voudrait donc être cette tête qui dépasse et que l’on chercher à couper? Cette personne qui tente d’apporter de nouvelles idées qui ne sont au mieux pas entendues, et au pire, ridiculisées? Pourquoi donc faire plus que le strict minimum? Pourquoi se donner la peine d’être autre chose qu’un exécutant?

De nos jours ce ne sont plus ces comportements qui sont attendus d’une personne en situation de pouvoir. Parce que dans le cadre d'une expérience qu’ils ont réalisée, les chercheurs ont constaté que les gens étaient 59 % plus enclins à partager des informations, 72 % plus enclins à demander conseil et 57 % plus enclins à demander des informations à une personne civile qu'à une personne incivile. Et puis une personne civile incite les gens à travailler 71 % plus fort et à vouloir bien faire pour cette personne (70 % de plus)[1].

Leadership et pouvoir

Et maintenant si je vous dis leadership et pouvoir, qu’est-ce que cela évoque pour vous?

On dit que le pouvoir du leadership est l’influence que les dirigeants ont sur ceux qui les suivent. C’est grâce à lui que les leaders persuadent les autres de soutenir leurs efforts et de faire ce qu’ils demandent. L’influence est essentielle au leadership parce que les leaders ne peuvent exister sans elle. C’est aussi un élément clé du pouvoir et de l’autorité. Bien sûr l’autorité peut être dérivée du positionnement hiérarchique du poste que l’on occupe, et ce faisant incite les subordonnés à se conformer aux attentes, ne serait-ce que par crainte des répercussions négatives s’ils ne le font pas. C’est donc un pouvoir à la fois légitime et de coercition.

Et pour que ce soient les autres qui choisissent de suivre, il faut un certain nombre de caractéristiques. Il y a par exemple la civilité, qui est associée au pouvoir référent, donc à la capacité d’être un modèle pour autrui, ou au pouvoir moral, à savoir d’être reconnu pour ses valeurs morales, son éthique. La capacité d’établir des connections est aussi liée à la civilité, puisque donnant davantage envie de créer des liens.

Alors leadership, pouvoir et civilité? C’est une combinaison gagnante, à coup sûr, pour le leader (et non je n’ai pas dit gestionnaire ou cadre supérieur) et pour son équipe, les personnes qui choisissent de se laisser influencer, et plus largement pour son organisation. Pourquoi? Pour l’équipe, parce que le contexte est plus sain, plus agréable, plus propice à l’expression de ses idées et de son potentiel, et pour le leader,  parce que ces conditions sont propices au travail d’équipe et à la productivité.

 

[1] Why Civility Is a Leadership Superpower, Backed by Science | Inc.com 

Bernadette Petitpas