(Se) transformer : quand le besoin de sécurité devient un tremplin, un article de Bernadette Petitpas

Image de Jasper Barratt

Nous sommes en mai 2022. La planète a connu une pandémie, qui semble vouloir devenir endémique. Cela fait des années que le sentiment de normalité n’est plus là. Les organisations nous invitent, encore, à nous adapter, à retourner physiquement au travail. Certains voudraient ne plus faire attention aux risques, d’autres voudraient ne pas être exposés à ceux associés à des contacts renouvelés. La famille, les amis, les collègues, sont plus « loins ». Les relations ont pris une autre forme, se sont distendues.

Et depuis quelques mois, il y a aussi l’invasion de la Fédération de Russie en Ukraine, les inquiétudes pour la sécurité avec les menaces de guerre mondiale ou d’utilisation du nucléaire, les contrecoups économiques des sanctions, l’inflation… Insécurité économique donc, alors que l’on pensait enfin commencer à réapprivoiser des éléments de nos vies d’avant.

Quand vient le temps de transformer une organisation ou de se transformer, il faut avoir une raison, et puis croire que les effets seront positifs, et que nous avons la capacité de mener les changements à bien. Alors quand on ne se sent pas vraiment en sécurité, est-ce à dire que c’est impossible? En effet quand ce sentiment d’insécurité est présent, les équipes (et les dirigeants) peuvent être moins ouverts à un nouveau changement, à sortir encore de sa zone de confort.

Et si l’on adoptait une autre perspective pour se demander plutôt comment utiliser ce sentiment d’insécurité comme moteur et tremplin vers un “autre chose” qui soit positif, plutôt que comme frein au renouveau, au changement, et pour s’interroger, avant de commencer le chemin, sur ce dont on a besoin pour faire le premier pas, et puis sur ce qui nous sera nécessaire pour chacun des suivants.

Contrairement aux croyances, ce qui est le plus stable, ce n’est pas l’immobilité, c’est le mouvement adapté, à savoir celui qui permet des ajustements en continu à une réalité changeante. Ainsi, si votre voiture dérape, vous ne la laissez pas foncer dans l’arbre ou le fossé, vous contrebraquez et vous ajustez ensuite aux réactions du véhicule. De la même manière, si vous perdez l’équilibre, que vous soyez à pied, en patin ou en ski, vous n’attendez pas de tomber, vous cherchez à rétablir votre équilibre, instinctivement, ou à minimiser la chute pour mieux vous relever. Le principe s’applique aussi à nos pensées et à nos émotions. En effet notre insécurité peut s’avérer un frein à notre adaptation, et donc nuire à notre équilibre.

La vie c’est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l’équilibre
— Albert Einstein

Voilà de belles théories dites-vous? Et si nous les mettions en pratique? De quoi avez-vous besoin pour oser faire le premier pas, pour oser avancer ou apporter certains ajustements à vos pensées, à vos comportements, pour aller dans le sens de l’évolution que nos circonstances requièrent?

Et on ne parle pas de la formule de luxe, plutôt de l’option camping sauvage.

  • Alors, qu’est-ce qui est pour vous essentiel pour ressentir votre équilibre actuel, pour savoir que vous êtes capable de rétablir votre équilibre au besoin, ou de vous relever avec un minimum d’égratignures pour ensuite continuer?

  • Pour apprivoiser l’insécurité que vous ressentez par moment et en faire un professeur qui vous éclaire sur réels besoins et vous aide à mieux canaliser vos énergies?

  • Comment vous assurerez-vous que vos collègues et vos employés ont aussi ce dont ils ont besoin pour faire le premier pas?

  • Et de quoi et de qui aurez-vous besoin ensuite pour continuer le chemin, pour rester, tous et chacuns,  en mouvement et accomplir ce que vous aurez choisi? Vous voyez, il suffit de revenir à la base, à l’essentiel.

Et le mouvement vers le bas, vers le repli, d’être suivi ensuite d’un rebond, et l’insécurité de nous servir de tremplin.

Bernadette Petitpas