Le mille-pattes désarticulé ou comment gérer l’unité artificielle de votre équipe, un article de Bernadette Petitpas

On fait souvent le constat de l’importance pour un gestionnaire, un leader, de sa capacité de rallier ses employés, de la cohésion et de l’unité de l’équipe. Pour que le mille-pattes que constitue son équipe voit l’ensemble de ses membres aller dans le même sens, il faut toutefois pour ce faire que l’unité soit réelle pour que cela ait une incidence positive sur l’organisation et l’atteinte des objectifs.

Photo by Clay Banks Clay Banks

Photo by Clay Banks

Imaginons un peu… Vous êtes le leader d’une équipe. Votre contexte n’est pas facile. Après le confinement, vous essayez d’inventer une nouvelle normalité qui tient compte des contraintes tout en envisageant de nouvelles façons de faire, voire une réorientation — d’aucuns diront révolution — de vos activités.

Chacun de vos employés tient le « bon » discours, celui que vous avez envie d’entendre. Il n’y a pas de résistance active et vous ne détectez pas de passivité ni d’agressivité.

Pourtant, les choses n’avancent pas, du moins pas au rythme attendu. Ou encore les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, et pourraient sérieusement compromettre le succès de vos initiatives. Il faut dire qu’il n’y a pas d’enthousiasme palpable, mais plutôt une espèce de résignation. Comme si chacun se traînait la patte en quelque sorte, et que le mille-pattes n’avançait pas vite…

Peut-être assistez-vous-même à une pièce de théâtre, à une représentation dans laquelle un ou plusieurs de vos employés n’ont peut-être même pas conscience de jouer, coupés d’eux-mêmes par des éléments dont le stress. En effet, bien des personnes ne savent pas vraiment ce qu’elles ressentent, ce qu’elles pensent ni ce à quoi elles aspirent. Comme si notre mille-pattes voyait ses membres s’agiter sans direction, et que le pauvre s’en trouvait désarticulé.

C’est dans ce genre de situation que l’unité apparente est en fait artificielle.

Ce qui caractérise une unité, un engagement et un esprit de corps réel, c’est l’alignement intellectuel et émotif de chaque personne sur les objectifs communs.

Alors comment faire en sorte que chaque personne soit associée, dans son entièreté, ne serait-ce qu’à une portion du projet, pour que le tout ait du sens, pour que la collaboration et la collégialité soient supportées, et pour qu’une dose de créativité, de nouveauté et de plaisir soit aussi au cœur de la réussite collective?

Et si vous commenciez par poser et par vous poser quelques questions :

  • Pourquoi les objectifs fixés sont-ils importants? Qu’est-ce qui m’interpelle? Qu’est-ce qu’ils représentent pour moi?

  • Comment chacun de mes employés se sent-il?

  • Quel est l’état d’esprit de chacun par rapport aux objectifs?

  • En quoi les objectifs résonnent-ils, ou pas, chez chacun, et pourquoi?

  • Est-ce possible de reformuler ou découper les objectifs pour faire en sorte que chacun s’y retrouve, s’y reconnaisse, et ait envie de s’y investir?

  • Comment puis-je faire pour que tout en travaillant à l’atteinte des objectifs, nous ayons du plaisir, individuellement et collectivement?

Vous venez ainsi de raffiner votre compréhension des enjeux, les vôtres comme ceux de vos employés, Vous venez aussi d’identifier des pistes de solution, ces éléments qui donneront à chacun l’envie de se rallier, ceux relatifs au projet et ceux relatifs à la façon de le mener à bien tout en ayant du plaisir ensemble. Puis il vous faudra non seulement valider votre compréhension auprès des membres de votre équipe mais concevoir avec eux le plan de match qui intégrera les besoins et obligations, organisationnels et individuels, et les modalités qui permettront, outre l’atteinte des objectifs, l’envie d’y travailler ensemble et la capacité d’avoir du plaisir en chemin.

Et votre mille-pattes d’avancer avec toute la vitesse que son unité lui permet…

Anne-Laure Marcadet