Aligner vision, stratégie et humanité, un article de Bernadette Petitpas

La pandémie que nous connaissons depuis plusieurs mois, les impératifs de télétravail et cette nouvelle réalité qu’on voudrait plus « normale » nous invitent à repenser nos priorités. Des entreprises font le choix d’adopter une vision et une stratégie qui placent l’humain au centre des préoccupations, qu’il soit client, fournisseur, employé ou partenaire.

Photo de Shoeib Abolhassani

Photo de Shoeib Abolhassani

Savoir où l’on va et comment, répondre à un certain besoin de sens et de respect de l’individu, font en outre partie des préoccupations auxquelles l’on attache de plus en plus d’importance.

Avouez que c’est beau comme principe.  Revenir à l’humain, à l’humanité, aux besoins de chacun et aux relations dont nous avons tous tant besoin, nous qui sommes des êtres sociaux.

C’est faire preuve d’une belle ouverture aux autres que de considérer les individus avec lesquels nous sommes professionnellement en contact comme des personnes, comme nous, avant d’être les représentants d’une organisation. Et quand on met l’accent sur l’humain dans le cadre de l’exercice du leadership, le sens sous-jacent change.

Ainsi l’on s’attend à une plus grande implication de chacun des employés, voire à leur participation à la prise de décision. Ce faisant on s’éloigne du dirigisme pour se rapprocher d’une certaine forme de démocratie, au sens premier du terme.

À contrario, on pourrait aussi voir la chose d’un œil beaucoup moins positif… Après tout, il faut une hiérarchie pour qu’il y ait une forme d’organisation. C’est vrai chez les mammifères et chez toutes les grandes civilisations qui ont précédé. Il y a cette notion qui fait que certains individus prennent soin d’autres, et par ailleurs, si tous sont égaux, certains sont plus égaux que d’autres. Et puis, la stratégie, c’est sérieux. C’est bien joli l’intuition et les Câlinours, mais on a besoin de rigueur, de chiffres, d’analyses. Il faut faire attention à l’efficacité, même si parfois ces bonnes intentions en ces matières mènent au contrôle dans ses aspects les moins glorieux. D’autant que notre monde n’est pas juste compliqué, il est complexe. Un peu comme un module en trois dimensions qui n’arrêterait pas de se remoduler. Que dire alors des personnes qui auraient l’audace, voire la témérité, de soulever des enjeux, et qui sont alors considérées comme des fauteurs de trouble. Imaginez s’il fallait s’interroger sur tout et perdre un temps précieux à réinventer la roue?

Et s’il était possible de réconcilier les perspectives et de s’en servir pour réussir, peu importe comment la réussite est définie par l’organisation?

Pour ce faire, il faudrait revenir à la base, à ce qui est au cœur de l’entreprise et de sa vision.

Il s’agit de clarifier le pourquoi, le quoi et le comment. Car comment rallier toutes les forces vives de l’organisation si la vision n’est pas claire? Et pour performer, les moyens utilisés doivent être cohérents. Et lorsque chacun remet l’humain au cœur de ses décisions, chacun peut trouver satisfaction dans le fait de faire une différence. La collaboration ainsi que le travail d’équipe sont valorisés, ce qui contribue à une plus grande efficacité ainsi qu’à davantage de créativité, voire d’innovation, du fait de la multiplicité des perspectives. Quand en plus le client profite d’une meilleure qualité de produit ou de services ET d’une approche réellement centrée sur ses besoins, c’est de nature à faciliter la fidélisation.

Et le leadership dans tout ça? Il s’exerce un peu différemment, pas toujours par les mêmes personnes, selon les besoins. Sa définition peut aussi s’élargir, et les leaders provenir de toutes les générations, de tous les horizons, pour permettre à l’organisation de bénéficier d’un éclairage multidimensionnel.

Pour prendre les bonnes décisions au bon moment, puis pour rallier les gens et créer de nouveaux succès, il n’y a rien de tel que de réconcilier et d’aligner vision, stratégie et souci de chacune des personnes. Faire la place à l'humain, c'est aussi accepter et mettre à profit la différence pour mieux réinventer l'organisation.

Bernadette Petitpas